En 1862, la Fabrique Merklin & Schutze construit un orgue à un seul clavier manuel qui est placé dans le choeur de l’église paroissiale.
Il comporte :
Bourdon 16, Montre 8, Bourdon 8, Flûte harmonique 8, Prestant 4, Octavin 2, Trompette 8, Clairon 4.
En 1892, sur un projet de M. Leray, lauréat de l’Ecole des Beaux-Arts, est édifiée une tribune au fond de l’église où est transporté l’orgue qui est agrandi par le facteur Claus. Celui-ci ajoute un deuxième clavier manuel, avec :
Gambe 8, Voix Céleste 8, Bourdon 8, Salicional 8, Flûte 4, Hautbois/Basson 8.
Le pédalier ne fonctionne que par emprunts et tirasses.
En 1936, un relevage est effectué par la Maison Th. Jacquot & Fils de Rambervillers.
Un manque notoire d’entretien et de surveillance de la part des responsables successifs fait que, l’orgue se dégrade et devient muet en 1976.
Restauration de 1984
En 1984, sous l’impulsion de l’Association des Amis de l’orgue créée en 1981, une restauration est confiée à la Maison Renaud de Nantes. Cette restauration conserve l’esthétique sonore de l’instrument, tout en lui adjoignant des jeux de mutations et des jeux propres à la pédale.
G.O. : Montre 8, Prestant 4, Doublette 2, Plein Jeu 5 rangs, Bourdon 8, Flûte harmonique 8, Trompette 8 (basses et dessus), Clairon 4, Cornet 5 rangs 3é C
Récit (expressif) : Bourdon 8, Salicional 8,Voix Céleste 8, Flûte octaviante 4, Octavin 2, Carillon 3 rangs, Hautbois/Basson 8
Pédale : Soubasse 16, Flûte 8, Flûte 4, Bombarde 16
L’Association des Amis de l’Orgue de Montfort a été créée en 1981.
Ses buts ont été fixés dès l’Assemblée générale constitutive : tout mettre en oeuvre pour la restauration de l’orgue afin que celui-ci puisse servir à la liturgie, à la diffusion culturelle (concerts) et à la formation d’organistes (classe d’orgue). Le plan de la restauration a donc tenu compte de ces différents objectifs, que ce soit pour le changement de la console, pour un pédalier aux normes actuelles ou pour la composition de la palette sonore (afin de pouvoir aborder un répertoire plus large, tout en conservant les jeux tels qu’ils existaient, notamment les jeux de fonds qui sonnent très clairement et sont d’une réelle beauté).
Ce ne fut pas de tout repos, car la Commission diocésaine, présidée par Mgr Legrand, voulait imposer ses vues sur la composition de l’orgue et surtout faire en sorte que le travail fut confié à Yves Sévère. Or ce dernier ne voulait pas tenir compte des demandes de l’association, notamment concernant le maintien des jeux de fonds. Il aurait voulu enlever tous les tuyaux et reconstruire à sa manière. L’association tint bon, et le travail fut donné à la Maison Renaud.
Actuellement, les Amis de l’Orgue organisent régulièrement des concerts (Concert d’Automne, Mercredis de l’Orgue pendant l’été pour mettre en valeur de jeunes organistes). Ils réalisent des présentations de l’instrument (sa composition, ses jeux, ses mécanismes). Les cours d’orgue (apprentissage, interprétation, accompagnement) s’adressent aussi bien à des débutants qu’à des élèves confirmés.
Témoignages
Je suis arrivé dans un contexte où les choix de restauration avaient été faits. Il fallait donc faire sonner au mieux des jeux d’époques et de styles différents, sans trop trahir l’esthétique de Claus.
Avec le recul, je suis assez satisfait du résultat c’est un instrument original, finalement assez homogène, et qui est ouvert à l’ensemble du répertoire
Bernard Hurvy — harmoniste en 1984 (chargé de la finition des réglages sonores)
Merci pour ce concert qui m’a permis de jouer ce très bel orgue qui permet d’interpréter heureusement les différents styles d’œuvres…
Micheline Lagache — professeur au CNR de Nantes – Octobre 1984
Il y a en France un certain nombre d’orgues de grand prestige St Ouen de Rouen, St Sulpice â Paris, Bordeaux, Toulouse… On oublie trop souvent les instruments plus modestes par la taille mais qui sont d’une grande beauté. L’orgue de Montfort fait partie de ceux-là. J’ai eu un véritable coup de coeur la première fois que j’ai eu le bonheur de le toucher : beauté des fonds, bel équilibre d’ensemble. Le facteur d’orgue Bernard Hurvy et les différents intervenants, entre autres Monsieur Alain Fromy, sont à féliciter chaudement pour avoir réalisé une restauration aussi réussie.
Gérard Letellier — titulaire du Grand Orgue de St Pierre du Gros Caillou — Paris
Quand je vins la première fois à Montfort je fus agréablement surpris et même séduit, malgré le grand délabrement de l’orgue, par la somptuosité des jeux de fonds et l’éclat des anches revues par Claus. La restauration fut remarquable : elle ne défigurait en rien le caractère romantique et lyrique de l’instrument. Jamais je ne fus déçu, lors des récitals que je fus appelé à donner par la suite, qu’il s’agisse d’une œuvre de Brahms, Franck, Vierne ou Jehan Alain.
J’ai été étonné de l’adéquation parfaite de l’orgue avec une œuvre comme la « Fantaisie » en sol majeur de J.S. Bach. La palette sonore de l’orgue de Montfort est assez riche pour servir, sans la trahir, la majeure partie de la littérature écrite pour le roi (le pape disait Liszt) des instruments.
Félix Moreau — titulaire des grandes orgues de la cathédrale de Nantes